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ment et le posa sur le dos d’une chaise. Son visage n’avait pas son expression ordinaire, affairée et idiote, au contraire, il était tranquille, pensif et même majestueux. Ses mouvements étaient lents et réfléchis.

Quand il n’eut plus que son linge, il s’assit doucement sur le lit, fit le signe de la croix de tous côtés, non sans efforts évidents (car ses traits se crispaient), et, sous sa chemise il arrangea ses chaînes.

Après être resté assis un moment, et avoir examiné soigneusement son linge, déchiré par endroits, il se leva, et se mit à prier en soulevant la chandelle à la hauteur des icônes, se signa en les contemplant et renversa la flamme de la chandelle. Elle s’éteignit en crépitant.

La lune, presque dans son plein, donnait dans la fenêtre qui faisait face à la forêt. La longue figure blanche de l’innocent était éclairée d’un côté par les rayons pâles et argentés de la lune, tandis que l’autre disparaissait dans l’ombre, et cette ombre avec celle des châssis de la fenêtre tombait sur le parquet et sur le mur et atteignait le plafond. Dans la cour, le veilleur frappa sur sa plaque de cuivre.

Croisant ses longs bras sur sa poitrine, la tête baissée et en soupirant péniblement et sans répit, Gricha, silencieux, resta debout devant les icônes, puis avec beaucoup de peine, il s’agenouilla et se mit et prier.