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Austerlitz, il racontait cela à tous avec tant d’insistance et si longuement, que tous croyaient qu’il fallait faire cela, et, pour la guerre de Finlande, Berg reçut encore deux récompenses.

En 1809, il était capitaine de la garde, décoré et occupait à Pétersbourg un poste pécuniairement avantageux.

Quelques esprits forts souriaient bien quand on leur parlait des qualités de Berg, mais on ne pouvait nier que Berg fût un officier rangé et courageux, très bien noté des chefs, et un garçon de bonne moralité dont l’avenir était brillant et la situation solide dans la société.

Quatre ans auparavant, s’étant rencontré à Moscou, aux fauteuils d’orchestre, avec un camarade allemand, Berg, lui montrant Véra Rostov, avait dit : « Das soll mein Weib werden. »[1]. Et dès ce moment il avait résolu de l’épouser.

Maintenant, à Pétersbourg, en comparant la situation des Rostov et la sienne, il avait décidé que le moment était venu, et il fit sa demande.

La proposition de Berg fut d’abord accueillie par un étonnement peu flatteur pour lui. On trouvait étrange que le fils d’un obscur gentilhomme Livonien demandât en mariage une comtesse Rostov ; mais la qualité dominante du caractère de Berg était un tel égoïsme naïf et bon enfant que les

  1. Voilà celle qui sera ma femme.