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rien, mais montra un air tendre, et après, tout d’un coup, nous nous trouvâmes dans ma chambre à coucher où était un lit à deux places. Il se coucha au bord, et moi, je sentis le désir d’être près de lui et me couchai aussi. Et il avait l’air de me demander : « Dites-moi la vérité, quelle est votre passion principale ? La connaissez-vous ? Je pense que vous la connaissez déjà ? » Gêné par cette question, je répondis que la paresse était ma passion principale. Il hocha la tête d’un air de doute et moi, encore plus gêné, je répondis que, bien que sur son conseil, je vécusse avec ma femme, je n’étais pas pour elle un mari. Il me répondit à cela qu’il ne faut pas priver la femme des caresses et me fit comprendre qu’en cela était mon devoir. Mais je répondis que j’en avais honte ; et soudain tout disparut. Et je me suis éveillé et j’ai retrouvé dans ma pensée le texte de la sainte Écriture : C’est en elle qu’était la vie, et la vie était la lumière des hommes. Et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont point reçue.

» Le visage de Joseph Alexéiévitch était jeune et brillait. Ce jour-même, j’ai reçu une lettre du bienfaiteur. Il m’écrivait sur le devoir conjugal. »