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mon abandon, et beaucoup d’autres choses. Je savais que si je me permettais de la voir, je n’aurais pas la force de rejeter sa demande. Dans mon doute je ne savais à quelle aide, à quel conseil recourir. Si le bienfaiteur était ici il me guiderait. Je me suis renfermé chez moi, j’ai relu des lettres de Joseph Alexéiévitch, je me suis remémoré mes conversations avec lui, et de tout cela j’ai tiré cette conclusion que je ne dois pas refuser à qui demande, que je dois tendre une main secourable à chacun, et d’autant plus à une personne tellement liée à moi, et que je dois porter ma croix. Mais si pour le triomphe de la vertu je lui pardonne, que mon union avec elle n’ait qu’un but spirituel. Ainsi ai-je décidé ; je l’ai écrit à Joseph Alexéiévitch ; j’ai demandé à ma femme d’oublier tout le passé, de me pardonner mes torts envers elle, et j’ai dit que moi, je n’avais rien à pardonner. J’étais heureux de lui dire cela, pour qu’elle ne sût pas combien il m’était pénible de la revoir. Je me suis arrêté dans la grande maison, dans la chambre en haut, et j’ai éprouvé le sentiment heureux de la rénovation. »