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règles fondamentales de la franc-maçonnerie, puisqu’il ne pardonnait pas au repentir.

En même temps, sa belle-mère, la femme du prince Vassili, l’envoya chercher en le suppliant de venir chez elle pour quelques instants tout au plus, afin de causer d’une affaire importante.

Pierre vit là une conjuration contre lui, et comprit qu’on voulait le réconcilier avec sa femme. Dans l’état où il se trouvait, cette pensée ne lui fut même pas désagréable. Tout lui était indifférent. Pierre n’attribuait une grande importance à aucun événement de la vie, et, sous l’influence de l’ennui qui maintenant l’accaparait, il ne tenait ni à sa liberté, ni à sa ferme volonté de punir sa femme.

« Personne n’a raison, personne n’est coupable, alors, elle non plus n’est pas coupable, » pensait-il.

Si Pierre ne donna pas aussitôt son consentement à une réconciliation avec sa femme, c’est seulement parce que, dans l’état d’ennui où il se trouvait, il n’avait la force de rien entreprendre. Si maintenant sa femme venait chez lui, il ne la chasserait pas. Ne lui était-il pas indifférent, en comparaison de ce qui l’occupait, de vivre ou non avec sa femme ?

Sans rien répondre à sa femme ni à sa belle-mère, Pierre, un soir, assez tard, se mit en route pour Moscou, afin de voir Joseph Alexéiévitch. Voici ce qu’écrivit Pierre dans son journal.