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notre ordre : au triomphe de la vertu sur le vice. Ce but fut posé par le christianisme lui-même qui apprend aux hommes à être sages et bons et à suivre, dans leur propre intérêt, l’exemple et l’enseignement des hommes les meilleurs et les plus sages.

» Alors que tout était plongé dans les ténèbres, la prédication seule suffisait, la nouveauté de la vérité lui donnait une force particulière, mais maintenant, nous avons besoin de moyens beaucoup plus efficaces ; maintenant il est nécessaire que l’homme, guidé par ses propres sentiments, trouve dans les vertus le charme sensuel. On ne peut pas détruire les passions, il faut seulement tâcher de les diriger vers un but noble, c’est pourquoi il est nécessaire que chacun puisse satisfaire ses passions dans les limites de la vertu et que notre ordre lui en fournisse les moyens.

« Aussitôt qu’il y aura chez nous un certain nombre de gens honorables, dans chaque pays, chacun d’eux en formera aussitôt deux autres, et tous se lieront étroitement entre eux ; alors tout deviendra possible pour notre ordre qui, secrètement, a déjà réussi à faire beaucoup pour le bien de l’humanité. »

Ce discours produisit non seulement une forte impression, mais même causa quelque émotion dans la loge. Des frères, voyant dans ce discours de dangereuses tendances vers l’illuminisme,