Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/441

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Natacba, maigre, le visage pâle et sévère (pas honteuse comme s’y attendait Pierre), se trouvait au milieu du salon. Quand Pierre se montra dans la porte, elle pâlit ; elle était visiblement indécise : s’avancer vers lui ou l’attendre ?

Pierre s’approcha d’elle rapidement. Il pensait qu’elle lui tendrait la main comme toujours, mais elle s’approcha, très près, s’arrêta en respirant lourdement et laissa tomber ses bras, tout à fait comme quand elle venait au milieu du salon pour chanter, mais avec une tout autre expression.

— Pierre Kyrilovitch, commença-t-elle rapidement, le prince Bolkonskï était votre ami, d’ailleurs il est votre ami, reprit-elle. (Il lui semblait que tout était passé, et que maintenant tout était changé.) Il m’a dit alors, de m’adresser à vous.

Pierre, silencieux, aspirait fortement en la regardant. Jusqu’ici, il la blâmait et tâchait de la mépriser, mais maintenant il la plaignait tant qu’en son âme il n’y avait plus place pour le reproche.

— Il est maintenant ici. Dites-lui… qu’il me par… me pardonne. Elle s’arrêta, commença à respirer plus fréquemment, mais ne pleura pas.

— Oui… je le lui dirai… commença Pierre ; mais…, il ne savait que dire.

Natacha était visiblement effrayée des pensées qui pouvaient venir à Pierre.

— Non, je sais que tout est fini, dit-elle hâti-