Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/425

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa chambre et désirerait vous voir. Maria Dmitrievna est avec elle et vous invite aussi.

— Vous êtes l’ami de Bolkonskï, elle veut probablement vous demander quelque chose, dit le comte. Ah ! mon Dieu ! mon Dieu ! Tout allait si bien !

Et, en portant la main à ses tempes grises, le comte sortit du salon.

Maria Dmitrievna avait appris à Natacha qu’Anatole était marié. Natacha ne voulait pas le croire et exigeait de l’entendre de Pierre lui-même.

Sonia raconta cela à Pierre pendant qu’elle l’accompagnait dans le corridor jusqu’à la chambre de Natacha.

Natacha, pâle, sévère, était assise près de Maria Dmitrievna ; elle rencontra Pierre d’un regard fiévreux, interrogateur. Elle ne sourit pas, ne le salua pas de la tête, elle le regardait seulement avec fixité, et son regard l’interrogeait sur une seule chose : était-il l’ami d’Anatole ou un ennemi comme tous les autres ? Évidemment, Pierre, par lui-même, n’existait pas pour elle.

— Il sait tout, dit Maria Dmitrievna en montrant Pierre, et, s’adressant à Natacha : qu’il te dise si j’ai dit la vérité.

Le regard de Natacha, comme celui d’un animal blessé qui regarde les chiens et les chasseurs, allait tantôt à l’un, tantôt à l’autre.

— Natalie Ilinichna, prononça Pierre en bais-