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— Imbécile ! Je t’ai dit la zibeline. Eh ! Matrécha la zibeline ! cria-t-il si fort que sa voix résonna dans toutes les chambres.

Une tzigane, belle, maigre, pâle, aux yeux brillants, noirs, aux cheveux noirs bouclés, en châle rouge, accourut apportant le manteau de zibeline.

— Quoi ! est-ce que je le regrette ; prends, dit-elle, visiblement effrayée devant son maître et regrettant le manteau.

Dolokhov, sans lui répondre, prit la pelisse, la jeta sur Matrécha et l’enveloppa.

— Voilà, comme ça, ensuite comme ça, dit-il en levant le col autour de la tête et ne laissant à découvert qu’une partie du visage. Ensuite, vois-tu, comme ça ? et il approcha la tête d’Anatole de l’ouverture laissée par le collet et d’où l’on voyait le sourire brillant de Matrécha.

— Eh bien ! Adieu, Matrécha, dit Anatole en l’embrassant. Finie la noce ici ! Salut à Stiocha. Eh bien ! Adieu ! Adieu, Matrécha ! Souhaite-moi le bonheur.

— Eh bien ! Je désire que Dieu vous donne le grand bonheur, dit Matrécha avec son accent de tzigane.

Deux troïkas étaient près du perron, deux garçons les tenaient. Balaga s’assit dans la troïka de devant et, levant haut les coudes, sans se presser, il arrangea les guides. Anatole et Dolokhov montèrent dans cette troïka, Makarine et Khvostikov s’installèrent dans l’autre.