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Deux témoins : Khvostikov, ancien fonctionnaire que Dolokhov employait au jeu de cartes, et Makarine, hussard en retraite, homme naïf et faible qui avait une amitié sans bornes pour Kouraguine, étaient assis dans la première chambre et prenaient le thé.

Dans son grand cabinet, orné du haut en bas de tapis persans, avec des peaux d’ours et des armes, Dolokhov, en habit de voyage et hautes bottes, était assis devant le bureau ouvert où se trouvaient les comptes et des liasses de billets de banque. Anatole, l’uniforme déboutonné, marchait de cette chambre, où les témoins étaient assis, dans le cabinet et la chambre de derrière, où son valet français, avec d’autres domestiques, arrangeait la dernière malle. Dolokhov comptait l’argent et inscrivait.

— Et bien, il faut donner deux mille roubles à Khvostikov, dit-il.

— Eh bien, donne-les, dit Anatole.

— Makarka (il appelait ainsi Makarine), celui-ci marchera sans argent ; pour toi, il irait au feu et à l’eau. Eh bien, voici les comptes, dit Dolokhov, en montrant les billets. C’est ça ?

— Sans doute, dit Anatole qui, visiblement, n’écoutait pas Dolokhov et regardait devant lui avec un sourire qui ne quittait pas son visage. Dolokhov ferma le bureau et s’adressa à Anatole avec un sourire moqueur.