Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/385

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

assez tourmenté la pauvre fille. Mon conseil, c’est de finir vos affaires et de partir à la maison, à Otradnoié, et là-bas attendre…

— Oh ! non, s’écria Natacha.

— Non, il faut partir et attendre là-bas. Si le fiancé arrive maintenant, ça ne se passera pas sans querelle. Et lui seul, en tête à tête, s’expliquera avec le vieux et ensuite viendra chez vous.

Ilia Andréiévitch approuva cet avis, dont il comprit aussitôt toute la sagesse. — Si le vieux s’adoucit, dit-elle, il sera toujours temps de venir chez lui à Moscou ou à Lissia-Gorï ; sinon, si le mariage a lieu contre sa volonté, il ne peut se faire qu’à Otradnoié.

— C’est tout à fait juste, je regrette même d’être allé chez lui et d’y avoir amené ma fille, dit le vieux comte.

— Non, pourquoi regretter ! Étant ici, vous ne pouviez pas faire autrement, par politesse. Mais s’il ne veut pas, c’est son affaire, dit Maria Dmitrievna en cherchant quelque chose dans son réticule. Le trousseau est prêt, que vous faut-il encore attendre ? Ce qui ne sera pas prêt, je vous l’enverrai. Je le regrette bien, mais ce sera mieux, Dieu vous accompagne.

Ayant trouvé dans son réticule ce qu’elle y cherchait, elle le donna à Natacha. C’était une lettre de la princesse Marie.

— Elle t’écrit, dit-elle ; elle se tourmente, la pau-