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à Natacha, avec un sourire immuable et beau. J’ai entendu parler de vous par mon page Droubetzkoï, vous savez qu’il se marie, et par l’ami de mon mari, Bolkonskï, le prince André Bolkonskï, dit-elle avec un accent particulier, en laissant entendre ainsi qu’elle connaissait ses liens avec Natacha.

Pour faire plus ample connaissance, elle demanda à une des jeunes filles de passer le reste du spectacle dans sa loge, et Natacha y alla.

Au troisième acte, la scène représentait un palais où brûlaient beaucoup de bougies, et qu’ornaient des tableaux imaginaires de chevaliers à petite barbiche. Au milieu se tenaient probablement le roi et la reine. Le roi agitait sa main droite et, visiblement intimidé, en chantant très mal quelque chose, il s’assit sur un trône violet. La jeune femme d’abord en blanc puis en bleu, maintenant était en chemise, les cheveux épars, et se tenait près du trône. Elle chantait tristement quelque chose en s’adressant à la reine, mais le roi agitait sévèrement la main ; des côtés sortirent des hommes et des femmes aux jambes nues, qui, tous ensemble, se mirent à danser. Ensuite le violon joua très fin un air gai, et une des jeunes filles, avec de grosses jambes nues et des bras maigres, se sépara des autres, s’éloigna près de la coulisse, répara son corsage, puis s’avança au milieu et se mit à sautiller en frappant très rapidement une