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gré la représentation commencée, il marchait sur le tapis du couloir sans se hâter, en tapant un peu des éperons et du sabre et portant haut sa belle tête parfumée. En regardant Natacha, il s’approcha de sa sœur, appuya sa main gauche sur le rebord de la loge, lui fit un signe de tête, et, s’inclinant, il lui demanda quelque chose en désignant Natacha.

Mais charmante ! dit-il, évidemment de Natacha qui entendit moins qu’elle ne comprit au mouvement des lèvres. Ensuite il passa au premier rang et s’assit près de Dolokhov qu’il poussa du coude amicalement et négligemment, tandis que tous les autres lui montraient tant d’égards. Il lui sourit en clignant gaîment des yeux et appuya son pied sur la rampe.

— Comme le frère et la sœur se ressemblent, et comme ils sont beaux tous deux ! dit le comte.

Chinchine, à mi-voix, commença à raconter au comte l’histoire d’une intrigue de Kouraguine à Moscou ; Natacha tâchait de l’entendre, précisément parce qu’il avait dit d’elle : charmante !

Le premier acte était terminé. À l’orchestre tous se levèrent, s’emmêlèrent et commencèrent à marcher et à sortir.

Boris vint dans la loge des Rostov. Il reçut très simplement les félicitations et, les sourcils soulevés, avec un sourire distrait, il demanda à Natacha et à Sonia, de la part de sa fiancée, de venir à leur