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Bezoukhov peut-être ! Il est ici avec sa femme. Il s’est enfui d’elle, et elle est venue chez lui ; mercredi il a dîné chez moi. Et les demoiselles, elle les désignait, demain je les conduirai à Iverskaïa, et ensuite nous irons chez Ober Chalmet. Vous ferez faire tout neuf ? Ne prenez pas modèle sur moi, aujourd’hui les manches se portent comme ça. Récemment la jeune princesse Irène Vassilievna est venue chez moi, c’était effrayant : on aurait dit qu’elle avait un tonneau à chaque bras. Maintenant la mode change tous les jours. Et chez toi, quoi de neuf ? demanda-t-elle sévèrement au comte.

— Tout arrive à la fois, répondit le comte ; acheter le trousseau et voilà, un acquéreur pour mon domaine et pour la maison. Si votre grâce me permet de prendre un moment, j’irai pour un jour à Marinskoié et je vous laisserai mes filles.

— Bon, bon ! elles seront en sûreté chez moi comme au conseil de tutelle… Je les ferai sortir où il faut, je les gronderai, les gâterai, dit Maria Dmitrievna en touchant de sa large main la joue de sa favorite Natacha.

Le lendemain matin Maria Dmitrievna conduisit les demoiselles à Iverskaïa chez madame Ober Chalmet qui craignait tant Maria Dmitrievna qu’elle lui cédait un costume à perte, pour se débarrasser d’elle au plus vite. Maria Dmitrievna commanda tout le trousseau. De retour à la maison,