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— Ce sont les bagages du comte ? Porte-les ici, dit-elle en montrant une valise et ne saluant personne. — Les demoiselles, ici : à gauche. Eh bien ! qu’est-ce que vous chantez là-bas ? cria-t-elle aux femmes de chambre. Qu’on chauffe le samovar ! Tu as engraissé, embelli, dit-elle, en tirant vers elle par son châle Natalie toute rouge de froid. Ah ! comme elle est froide ! Mais débarrasse-toi plus vite ! cria-t-elle au comte qui voulait lui baiser la main. Tu es gelé, n’est-ce pas ? Qu’on donne du rhum pour le thé ! Sonitchka bonjour, dit-elle à Sonia en marquant par ce salut français ses rapports un peu dédaigneux et tendres envers Sonia.

Quand tous, après avoir changé de vêtements et s’être un peu remis de la route, descendirent pour prendre le thé, Maria Dmitrievna les embrassa en rang.

— Je suis contente de tout cœur que vous soyez rendus et arrêtés chez moi. Il est déjà temps… dit-elle en regardant Natacha… Le vieux est ici, on attend le fils d’un jour à l’autre. Il faut faire sa connaissance. Eh bien, nous en recauserons, ajouta-t-elle en jetant un regard vers Sonia et montrant qu’elle ne désirait pas parler de tout cela devant elle. — Maintenant, écoute, fit-elle au comte. Qu’as-tu à faire demain ? Qui enverras-tu chercher ? Chinchine ? — elle plia un doigt ; — la pleurnicheuse Anna Mikhaïlovna, deux. Elle est ici avec son fils. Son fils se marie, hein ? Ensuite