Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol9.djvu/322

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait dit, qu’elle ne se le rappelait pas, qu’elle n’avait aucun chagrin sauf celui qu’il savait : le mariage du prince André qui menaçait de brouiller le père et le fils.

— Avez-vous entendu parler des Rostov ? demanda-t-elle pour changer la conversation. On m’a dit qu’ils arriveraient bientôt ici. J’attends aussi André chaque jour ; je désirerais qu’ils se rencontrassent ici.

— Et comment envisage-t-il cette affaire ? demanda Pierre, comprenant par il le vieux prince.

La princesse Marie hocha la tête.

— Mais que faire ? D’ici la fin de l’année il ne reste plus que quelques mois, et cela ne peut être. Je désirerais seulement débarrasser mon frère des premiers moments. Je voudrais qu’elles vinssent plus vite. J’espère m’arranger avec elles. Vous les connaissez depuis longtemps. La main sur la conscience, dites-moi toute la vérité. Qu’est-ce que c’est que cette jeune fille ? Comment la trouvez-vous ? Mais toute la vérité, parce que vous comprenez qu’André risque beaucoup en se mariant contre la volonté de son père, et je désirerais savoir…

Un instinct vague disait à Pierre que dans ces ménagements et ces demandes réitérées de dire toute la vérité, s’exprimait la malveillance de la princesse Marie envers sa future belle-sœur, et qu’elle désirait que Pierre n’approuvât point le