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La princesse Marie demanda pardon à mademoiselle Bourienne et à son père pour elle et pour Philippe, le maître d’hôtel, qui la suppliait d’intercéder.

Dans de pareils moments, des sentiments semblables à la fierté du sacrifice se rassemblaient dans l’âme de la princesse Marie. Tout à coup, en de pareils moments, devant elle, ce père qu’elle blâmait cherchait ses lunettes en tâtonnant, ne les voyant pas, et oubliait ce qui était tout à l’heure ; ou ses jambes faibles faisaient un faux pas et il regardait si quelqu’un n’avait pas aperçu cette faiblesse ; ou, pendant le dîner, quand il n’y avait pas d’invités qui l’excitaient, il s’endormait tout à coup, en laissant tomber sa serviette, et sa tête tremblante se penchait sur son couvert. « Il est vieux, il est faible, et moi, j’ose le blâmer ! » pensait-elle alors avec dégoût pour soi-même.