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Mais ce « après » ne venait jamais.

Le matin toutes les questions antérieures se présentaient aussi insolubles et terribles, et Pierre hâtivement prenait un livre et se réjouissait quand quelqu’un venait chez lui.

Parfois, Pierre se rappelait les conversations qu’il avait entendues, les récits de guerre : quand les soldats se trouvent dans l’avant-poste, sous les coups, quand ils n’ont rien à faire et cherchent une occupation quelconque, afin de supporter plus facilement le danger. Et tous les hommes se présentaient à Pierre comme ces soldats qui se sauvent de la vie, l’un par l’ambition, l’autre par les cartes, l’autre par l’élaboration des lois, l’autre par les femmes, l’autre par le jeu, par les chevaux, par la politique, par la chasse, le vin, les affaires d’État. « Il n’y a rien de mesquin ni d’important, seulement s’enfuir d’elle si possible, seulement ne pas la voir, cette terrible vie ! » pensait Pierre.