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pauvre petite maman, fit-elle à sa mère qui, se sentant au bord de la séparation, regardait son fils avec effroi, mais par obstination et par l’entraînement de la lutte, ne pouvait ni ne voulait céder. Nicolas, je t’expliquerai, va-t-en. Écoutez, ma petite maman, ma colombe.

Ses paroles n’avaient pas de sens mais aboutirent au résultat qu’elle désirait.

La comtesse, en sanglotant, cacha son visage sur la poitrine de sa fille. Nicolas se leva, et en se prenant la tête, sortit de la chambre.

Natacha se chargea de la réconciliation et l’amena à un tel point que Nicolas reçut de sa mère la promesse qu’on ne persécuterait pas Sonia, et que lui-même promit de ne rien entreprendre en cachette de ses parents.

Avec l’intention ferme de revenir et d’épouser Sonia après avoir arrangé ses affaires au régiment et pris sa retraite, Nicolas, triste et sérieux, en désaccord avec ses parents, mais, à ce qu’il lui semblait, passionnément amoureux, partit pour le régiment au commencement de janvier.

Après le départ de Nicolas, la maison des Rostov devint plus triste que jamais. La comtesse, à la suite de ces émotions, tomba malade.

Sonia était triste du départ de Nicolas et encore plus de l’attitude hostile que la comtesse ne pouvait s’empêcher de lui montrer. Le comte était soucieux plus que jamais de la mauvaise