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prenne à gauche, mais pourquoi ? » pensa Nicolas. « Est-ce que nous allons chez les Melukhov, est-ce le village Melukovka ? Nous allons, Dieu sait où et Dieu seul sait ce qu’il en est de nous. Et c’est étrange et très bien ce qui nous arrive ! » Il regarda le traîneau.

— Regarde, ses moustaches et ses sourcils, tout est blanc, prononça une des personnes assises dans le traîneau, étrange, très jolie, avec une fine moustache et des sourcils.

« On dirait que celle-ci est Natacha, se dit Nicolas, et celle-ci madame Chausse, peut-être non. Et le Circassien à moustaches, je ne sais qui c’est, mais je l’aime. »

— N’avez-vous pas froid ? demanda-t-il.

Ils ne répondirent pas et rirent. Dimmler, du traîneau de derrière, cria quelque chose, c’était probablement très drôle, mais on ne pouvait distinguer ce qu’il criait.

— Oui, oui, répondirent des voix en riant.

« Cependant, voici une forêt magique, avec des ombres noires, changeantes et diamantées et avec une enfilade de marches de marbre et de toits argentés, des palais de fées et un cri aigu de bête.

« Si, en effet, c’était Melukovka. Ce serait encore plus étrange qu’allant Dieu sait où, nous arrivions à Melukovka, » pensa Nicolas.

En effet, c’était Melukovka et sur le perron,