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milait toutes les impressions les plus diverses de la vie ? Comment tout cela s’arrangeait-il en elle ? Quoi qu’il en fût, elle était très heureuse.

Près de la maison, elle se mit à chanter le motif de Quand hier la neige, qu’elle avait cherché tout le long du chemin, et dont elle s’était ressouvenue enfin.

— L’as-tu saisi ? dit Nicolas.

— À quoi penses-tu maintenant, Nicolas ?

Ils aimaient s’interroger.

— Moi ? fit Nicolas en cherchant, voici ; d’abord je pensais que Rougaï, le chien roux, est comme l’oncle, et que s’il était un homme, il aurait l’oncle chez lui, sinon pour sa cour, du moins pour son bon caractère, mais il le garderait. Comme il est bon l’oncle ! N’est-ce pas ? Eh bien, et toi ?

— Moi ? Attends, attends… Oui, j’ai pensé d’abord que nous allons et pensons aller à la maison, mais qu’en réalité Dieu seul sait où nous allons dans cette obscurité, et que tout à coup nous arriverons et ne verrons pas Otradnoié, mais un royaume féerique. Ensuite j’ai pensé encore… Non, rien de plus…

— Je sais, tu as sans doute pensé à lui, dit Nicolas en souriant ; ce que Natacha reconnut au son de sa voix.

— Non, répondit-elle, bien qu’en effet, elle pensât au prince André, se demandant si l’oncle lui plairait. Et encore tout le long de la route je