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la tête en arrière, cette femme (la gouvernante de l’oncle) marchait d’un pas très alerte.

Elle s’approcha de la table, y déposa le plateau et, habilement, de ses mains blanches, potelées, disposa sur la table les bouteilles et les hors-d’œuvre.

Cela fait, elle s’éloigna, et, le sourire aux lèvres s’arrêta à la porte. « Me voici ! Maintenant tu comprends ton oncle ! » semblait dire à Rostov toute sa personne. Comment ne pas comprendre ? Non seulement Rostov, mais Natacha comprirent l’oncle, et la signification des sourcils froncés et du sourire heureux, satisfait, qui, à peine, plissait ses lèvres, lorsqu’entrait Anicia Féodorovna. Sur le plateau il y avait différentes sortes d’infusion, des champignons marinés, des petites galettes de blé noir, du miel cuit et mousseux, des pommes, des noisettes fraîches et grillées, des noisettes au miel. Ensuite Anicia Féodorovna apporta des confitures au miel et au sucre, du jambon, un poulet qu’on venait de cuire.

Tout cela était choisi et préparé par Anicia Féodorovna. Tout cela sentait et avait le goût d’Anicia Féodorovna. Tout cela rappelait la fraîcheur, la propreté, la blancheur et le sourire agréable.

— Mangez, mademoiselle la comtesse, disait-elle à Natacha en lui offrant les divers plats.

Natacha mangeait de tout, et il lui semblait n’avoir jamais vu ni mangé de telles galettes, de