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Peu après, l’oncle rentrait en casaque, pantalon bleu, et en petites bottes, et Natacha sentit que ce costume, dans lequel, avec étonnement et raillerie, elle avait remarqué l’oncle à Otradnoié, était un vrai costume, pas pire que la jaquette et l’habit.

L’oncle aussi était gai ; non seulement il ne s’offensa pas du rire du frère et de la sœur (il ne pouvait pas même lui venir en tête qu’ils eussent à se moquer de sa vie), mais lui-même se joignit à leur rire inexpliqué.

— Voilà la jeune comtesse. Bon ! Je n’en ai pas vu de pareille ! dit-il, en donnant à Rostov une pipe à long tuyau, et en prenant une autre courte entre ses trois doigts, son geste habituel.

— Toute la journée à cheval comme un homme, et rien !

Peu après l’entrée de l’oncle, la porte s’ouvrit ; à en juger par le bruit des pas, c’était évidemment une femme de chambre, pieds nus ; et une femme d’une quarantaine d’années, grosse, rouge, jolie, à deux mentons, les lèvres épaisses, rouges, se montra tenant un plateau garni de diverses choses.

Avec un air hospitalier et des mines engageantes, à chaque instant elle regardait les invités, et, avec un sourire aimable, les saluait respectueusement. Malgré une obésité plus qu’ordinaire, qui la forçait d’avancer le ventre et la poitrine et de rejeter