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— Celle-ci ? Oui, c’est une bonne chienne. Elle chasse bien, répondit Ilaguine d’un ton indifférent pour sa belle Erza pour qui, une année avant, il avait donné à son voisin trois familles de cerfs.

— Alors chez vous, comte, la récolte n’est pas fameuse cette année ? fit-il en continuant la conversation commencée. Et croyant poli de payer le jeune comte de la même monnaie, il regarda ses chiens et s’arrêta à Milka qui le frappait par sa largeur.

— Cette tachée de noir est bonne ? dit-il.

— Oui, pas mauvaise. Elle court bien, répondit Nicolas. « Ah ! si un vieux lièvre courait ! Je te montrerais quel animal… » pensa-t-il : et, se tournant vers son valet, il promit un rouble à celui qui trouverait un lièvre au repos.

— Je ne comprends pas, continua Ilaguine, pourquoi les chasseurs sont jaloux des bêtes et des chiens ; quant à moi, je vous dirai, comte, que ce qui m’amuse c’est de me promener comme ça, voilà : on rencontre un compagnon agréable, qu’y a-t-il de mieux (de nouveau il ôta son bonnet de loutre devant Natacha), mais compter des peaux, combien on a tué, cela m’est indifférent…

— Parfaitement juste.

— … Ou être attristé parce que c’est un chien étranger qui attrape et non le mien ?… Je m’amuse seulement à regarder les chasses. N’est-ce pas, comte ? parce que je juge…