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coudrier s’écarta livrant passage au cheval brun, noir de sueur, de Danilo. Sur sa large croupe Danilo se tenait penché en avant, sans bonnet, ses cheveux blancs ébouriffés sur son visage rouge, en sueur.

— Vélaut ! Vélaut ! — criait-il. Quand il aperçut le comte, la foudre brilla dans ses yeux.

— Sacrr… — cria-t-il, menaçant, le fouet levé vers le comte.

— Manqué le loup. En voilà des chasseurs !

Et sans honorer d’une plus longue conversation le comte confus et effrayé, avec toute la colère amassée contre celui-ci, il frappa les côtes mouillées du hongre et courut derrière les chiens. Le comte très honteux était debout ; il se retourna, et tâcha, par un sourire, de provoquer en Siméon quelque pitié pour sa situation.

Mais Siméon n’était plus là. Il avait contourné les buissons et se jetait à la rencontre du loup. Les lévriers poursuivaient la bête des deux côtés. Mais le loup se glissait dans les broussailles, et aucun chasseur ne l’attrapait.