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laid, connu parce que lui seul allait contre la louve.

Le vieux comte, qui connaissait l’ardeur de son fils pour la chasse, se hâtait pour n’être pas en retard, et les chasseurs n’étaient pas encore réunis qu’Ilia Andréiévitch, gai, rouge, les joues tremblantes, les cheveux noirs, s’approcha de l’endroit qu’on lui désignait. Ouvrant sa pelisse et prenant les armes de chasse, il monta sur sa Viflianka, une bonne bête, vieille comme lui, douce et grasse. On renvoya la drojki. Bien que le comte Ilia Andréiévich ne fût pas un chasseur passionné, il connaissait à fond les lois de la chasse. Il se plaça sur la lisière du bois, rassembla les rênes, s’arrangea bien en selle, et, se sentant prêt, il regarda tout alentour en souriant.

Près de lui se trouvait son valet de chambre, un vieux cavalier, mais très gauche, Simeon Tchekmar. Tchekmar tenait en laisse trois bons dogues, mais aussi trop gras comme le maître et le cheval. Deux vieux chiens intelligents se couchèrent sans laisse. À cent pas plus loin, sur la lisière, se tenait un autre valet du comte, Mitka, cavalier effréné et chasseur passionné.

Selon une vieille habitude, le comte, avant la chasse, but dans une coupe d’argent de l’eau-de-vie de chasseurs ; il mangea ensuite des sandwichs et les arrosa d’une demi-bouteille de son bordeaux favori.