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comte lui-même devait se rendre en drojki à l’endroit qui lui était désigné.

Il y avait cinquante-quatre chiens conduits par six veneurs, et, près des chiens courants, outre les maîtres, il y avait huit chasseurs derrière lesquels couraient quarante lévriers, si bien qu’avec les meutes des maîtres, environ cent trente chiens et vingt chasseurs à cheval partirent à la chasse.

Chaque chien connaissait son maître et répondait à son nom. Chaque chasseur savait son métier, sa place et son emploi. Dès qu’ils eurent dépassé l’enclos, tous sans bruit et sans causer, d’un pas égal et tranquille, s’alignèrent sur la route et sur les champs qui menaient au bois d’Otradnoié.

Les chevaux marchaient dans les champs comme sur un tapis moelleux, enjambant de temps en temps les flaques quand on traversait les sentiers. Le ciel couvert continuait à s’abaisser insensiblement sur la terre. L’air était doux, chaud et calme. De temps en temps, on entendait tantôt le sifflement d’un chasseur, tantôt les reniflements d’un cheval, tantôt des coups de cravache ou les cris d’un chien qui ne marchait pas à son rang.

Après une verste, à l’encontre de la chasse des Rostov, cinq cavaliers avec des chiens se montrèrent dans le brouillard. Devant marchait un beau vieillard encore vert, à grandes moustaches blanches.