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en plus, puis les mots injurieux qui tombaient l’un après l’autre.

— Brigand… créature ingrate… te mettrai en morceaux, le chien… ce ne sera pas comme avec mon père. Tu as volé… etc.

Ensuite, ces gens, avec non moins de plaisir et de peur, virent comment le jeune comte, tout rouge, les yeux pleins de sang, tirait Mitenka par le collet et, avec une grande adresse, entre chaque parole, lui donnait des coups de pied dans le derrière en criant : « Va-t’en ! Qu’on ne t’entende pas ici ! Vaurien ! »

Mitenka roula les six marches et s’enfuit dans le massif. (Ce massif était le lieu de salut des criminels à Otradnoié. Mitenka lui-même s’y cachait, quand il revenait ivre de la ville, et beaucoup d’habitants d’Otradnoié, qui se cachaient de Mitenka, connaissaient la force salutaire de ce refuge.)

La femme et les brus de Mitenka, avec des visages effrayés, se montrèrent dans le vestibule, de la porte de la chambre où bouillait le samovar brillant et où l’on apercevait le haut lit de l’intendant sous la couverture faite de petits morceaux.

Le jeune comte, essoufflé, sans faire attention, à pas résolus, passa devant elles et entra dans la maison.

La comtesse, ayant aussitôt appris par les femmes de chambre ce qui se passait dans le pa-