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ne les comprenions pas, ne sont qu’une manifestation de son amour infini envers ses créatures. Je pense souvent qu’elle était trop angélique et douce pour avoir la force de supporter tous les devoirs de mère. Elle était sans reproche comme femme, elle n’eût peut-être pas été telle comme mère. Maintenant, non seulement elle nous a laissé, et surtout au prince André, le regret et le souvenir les plus purs, mais là-haut, elle aura probablement cette place que je n’ose espérer pour moi. Mais sans déjà parler d’elle seule, cette mort prématurée et terrible a eu l’influence la plus bienfaisante, malgré toute sa tristesse, sur moi et sur mon frère. Au moment de sa perte, ces idées ne pouvaient me venir, alors je les aurais chassées avec horreur, mais maintenant, elles sont claires et indiscutables. Je vous écris tout cela, mon amie, seulement pour vous convaincre de la vérité évangélique qui est devenue pour moi la règle de la vie. « Pas un seul cheveu ne tombera de la tête sans Sa volonté », et Sa volonté ne se guide que par l’amour infini envers nous. C’est pourquoi tout ce qui nous arrive, arrive pour notre bien.

» Vous demandez si nous passerons le prochain hiver à Moscou ? Malgré tout le désir de vous voir, je ne le pense pas, et je ne le souhaite pas. Vous vous étonnerez que la cause en soit à Buonaparte et voici pourquoi. La santé de mon père s’affaiblit à vue d’œil. Il ne peut souffrir la contradiction et