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cun de mes actes, de chaque parole ? Oui, que m’at-il demandé ? »

— Non, répondit-elle, mais elle ne savait pas ce qu’il avait demandé.

— Pardonnez-moi, dit le prince André, vous êtes si jeune et moi j’ai tant vécu déjà. J’ai peur pour vous, vous ne vous connaissez pas.

Natacha écoutait attentivement, essayant de comprendre le sens de ces paroles et ne comprenant pas.

— Quelque pénible que me soit cette attente d’une année qui ajourne mon bonheur, continua le prince André, pendant ce délai vous vous examinerez. Dans une année je vous demanderai de faire mon bonheur, mais vous êtes libre… Nos fiançailles resteront secrètes, et si vous vous convainquiez que vous ne m’aimiez pas ou si vous aimiez… dit le prince André avec un sourire forcé.

— Pourquoi dites-vous cela ? l’interrompit Natacha. Vous savez que depuis le jour où vous vîntes à Otradnoié je vous ai aimé, prononça-t-elle, fermement convaincue de dire la vérité.

— Pendant un an, vous vous connaîtrez…

— Un an ! s’écria tout à coup Natacha, comprenant seulement maintenant que le mariage était ajourné à une année. Pourquoi un an ? Pourquoi ?

Le prince André lui en expliqua la cause.

Natacha ne l’écoutait pas.