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madame la comtesse et à vous de me faire l’honneur de venir chez nous prendre une tasse de thé et souper.

Seule la comtesse Hélène Vassilievna, jugeant la société des Berg indigne d’elle, pouvait avoir la cruauté de refuser une telle invitation. Berg expliquait clairement pourquoi il désirait réunir chez lui une petite, mais bonne société, pourquoi cela lui serait agréable, qu’il regrettait l’argent dépensé pour les cartes et toute autre chose mauvaise, mais que, pour la bonne société, il était prêt à faire des sacrifices. Pierre ne pouvait refuser et promit en effet d’y aller.

— Seulement pas tard, comte ; oserais-je vous demander à huit heures moins dix ? Nous ferons une partie. Notre général y sera, il est très bon pour moi. Nous souperons, comte. Alors, c’est entendu ?

Contre son habitude d’être toujours en retard, Pierre, ce soir, au lieu de huit heures moins dix arriva chez Berg à huit heures moins le quart. Les Berg, après avoir préparé tout ce qu’il fallait pour la soirée, étaient déjà prêts à recevoir les invités.

Berg et sa femme étaient assis dans le nouveau cabinet de travail, propre, clair, orné de bustes, de tableaux, de meubles neufs. Berg, en uniforme neuf boutonné, était assis près de sa femme et lui expliquait qu’on pouvait et devait toujours avoir