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foule des halles. Il avait l’air de chercher quelqu’un.

Natacha aperçut avec plaisir le visage connu de Pierre, ce grotesque, comme l’appelait mademoiselle Peronskaïa. Elle savait que Pierre les cherchait dans la foule, elle en particulier. Pierre lui avait promis d’être au bal et de lui présenter des cavaliers.

Sans aller jusqu’à eux, Pierre s’arrêta près d’un invité brun, pas grand, très beau, en uniforme blanc, qui se trouvait près d’une fenêtre et causait avec un vieux monsieur décoré de croix et de rubans. Natacha reconnut aussitôt le jeune homme en uniforme blanc. C’était Bolkonskï, qui lui semblait très rajeuni, gai et embelli.

— Voici encore une connaissance, Bolkonskï, vous voyez, maman, dit Natacha en désignant le prince André. Vous vous rappelez, il a passé la nuit chez nous à Otradnoié.

— Ah ! vous le connaissez aussi, dit mademoiselle Peronskaïa. Je le déteste. Il fait à présent la pluie et le beau temps. Un orgueil sans bornes. Il est comme son père. Il s’est lié avec Spéransky, ils écrivent des projets quelconques. Regardez comme il cause aux dames ! Elles lui parlent et il se détourne ; je l’arrangerais s’il agissait ainsi avec moi.