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— Je vous jure, mademoiselle, qu’elle n’est pas du tout longue, dit Mavroucha, qui se traînait sur le parquet derrière la demoiselle.

— Eh bien ! si c’est long, nous la raccourcirons en un clin d’œil, dit résolument Douniachka en tirant une aiguille de son fichu et s’asseyant sur le parquet pour se mettre au travail.

À ce moment, la comtesse, en robe de velours, avec sa toque, confuse, entra à pas lents.

— Ah ! ah ! ma belle ! s’écria le comte. Mieux que vous toutes !… Il voulut l’embrasser, mais elle, toute rouge, s’écarta pour ne pas être chiffonnée.

— Maman ! La toque plus de côté, prononça Natacha. Je l’arrangerai. Et elle se précipita en avant. Les bonnes qui cousaient et n’avaient pas eu le temps de la suivre arrachèrent un morceau de gaze.

— Mon Dieu ! Qu’est-ce que c’est ? Je jure que je ne suis pas coupable…

— C’est rien. Je le coudrai ; on ne le verra pas, — dit Douniachka.

— Ma belle ! ma beauté ? dit à la porte, la vieille bonne qui entrait. Et Sonutchka ? Ah mes belles !… À dix heures un quart, ils se mirent enfin en voiture et partirent. Mais il fallait encore faire un détour au jardin de Tauride.

Mademoiselle Peronskaïa était déjà prête. Malgré son âge et sa laideur, il en avait été de même