Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous aurez beaucoup de choses à dire et que j’y serai je m’en irai immédiatement pour ne pas vous gêner. Écoutez, allez-vous-en quelque part, allez… au diable ! — cria-t-il et aussitôt le prenant par l’épaule et le regardant amicalement, en plein visage, évidemment pour adoucir la grossièreté de ses paroles, il ajouta : Vous savez, mon cher, ne vous fâchez pas, je vous parle comme à une vieille connaissance.

— Ah ! que dites-vous, comte, je comprends bien, dit Berg de sa voix gutturale, en se levant.

— Allez chez les maîtres de la maison, ils vous ont invité, ajouta Boris.

Berg prit un veston des plus propres, sans la moindre tache ni poussière, devant le miroir il releva ses mèches sur les tempes, comme les portait Alexandre Pavlovitch, et, se convainquant par le regard de Rostov que son veston faisait son effet, avec un sourire agréable il sortit de la chambre.

— Ah ! quel animal je suis ! prononça Rostov en lisant la lettre.

— Quoi ?

— Quel cochon je suis ! pas une seule fois je ne leur ai écrit et je les ai effrayés… quel cochon ! — répétait-il en rougissant. Eh bien, envoie donc Gavrilo chercher du vin ! Eh bien, nous allons boire ! dit-il.

Dans la lettre des parents, était introduite une lettre de recommandation pour le prince Bagration :