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hommes qu’il était maintenant, à en juger par cette lettre.

— Quel style ! Comme il décrit avec charme, disait-elle en lisant la partie descriptive de cette lettre. Quelle âme ! Sur lui-même, rien, rien !… Sur un Denissov quelconque !… Et lui est sûrement le plus brave de tous. Il ne dit rien de ses souffrances. Quel cœur ! Comme je le reconnais ! Et comme il se rappelle à tous ! Il n’a oublié personne. Je disais toujours, quand il était encore comme ça…

Plus d’une semaine, dans toute la maison, on préparait des brouillons et transcrivait des lettres pour Nicolas. Sur l’observation de la comtesse et par les soins du comte, on recueillit les objets nécessaires et de l’argent pour l’uniforme et pour l’installation du nouvel officier. Anna Mikhaïlovna, en femme pratique, pouvait s’assurer une protection pour son fils, même pour la correspondance. Elle avait l’occasion d’envoyer ses lettres au grand duc Constantin Pavlovitch, commandant de la garde.

La famille Rostov supposait que la Garde russe à l’Étranger était une adresse très suffisante, et que si la lettre arrivait jusqu’au grand-duc commandant de la Garde, alors il n’y avait point de raison pour qu’elle n’arrivât pas jusqu’au régiment de Pavlograd qui devait être là-bas, à proximité, c’est pourquoi l’on décida d’envoyer lettres