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trait, et de nouveau, pour les serrer vers elle, elle repoussa un peu la tête chauve. Véra, Natacha, Sonia et Pétia entrèrent dans la chambre, et la lecture commença.

Dans la lettre étaient décrites brièvement la campagne et les deux batailles auxquelles Nicolas avait pris part, sa promotion comme officier ; il ajoutait qu’il baisait les mains de sa mère et de son père, en leur demandant leur bénédiction ; qu’il embrassait Véra, Natacha et Pétia. En outre, qu’il envoyait ses saluts à M. Scheling, à madame Chosse, à la vieille bonne ; de plus, il demandait qu’on embrassât la chère Sonia qu’il aimait toujours de même et dont il se souvenait toujours. À ces mots Sonia rougit tant que des larmes parurent dans ses yeux, et que, n’ayant pas la force de soutenir les regards tournés vers elle, elle s’enfuit dans la grande salle, en fit le tour, pirouetta, et, en faisant gonfler sa robe en ballon, toute rouge et souriante, elle s’assit sur le parquet. La comtesse pleurait.

— Pourquoi pleurez-vous, maman, dit Véra. D’après tout ce qu’il écrit, il faut se réjouir et non pleurer.

C’était tout à fait juste, mais le comte, la comtesse et Natacha, tous, la regardèrent avec reproche. « Et de qui donc tient-elle ! » pensait la comtesse.

La lettre de Nicolas était lue cent fois, et ceux