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dréiévitch. « Et qu’a-t-elle besoin de se marier ? Elle sera sûrement malheureuse. Voilà Lisa et André (je crois qu’il est difficile de trouver un meilleur mari), est-elle contente de son sort ? Et qui l’épousera par amour ? Laide, gauche. On la prendra pour les relations, pour l’argent. Est-ce qu’on ne vit pas vieille fille ? C’est encore le mieux ? » Ainsi pensait en s’habillant le prince Nicolas Andréiévitch, et en même temps, la question toujours ajournée demandait une solution immédiate. Le prince Vassili amenait évidemment son fils avec l’intention de faire la proposition de mariage et probablement aujourd’hui ou demain il demanderait une réponse ferme. — « Il a un nom, une situation convenable. Eh bien. Je n’y ferai pas obstacle, se dit le prince ; mais qu’il la mérite. Voilà, ça, nous verrons. »

— Ça nous verrons ! C’est ce que nous verrons ! prononca-t-il à haute voix. Et comme toujours, il entra à pas rapides au salon, jeta un regard rapide sur tous, et en apercevant la toilette nouvelle de la petite princesse, les rubans de Bourienne et l’affreuse coiffure de la princesse Marie, les sourires de Bourienne et d’Anatole et l’isolement de sa fille dans la conversation commune : « Elle s’est habillée comme une sotte ! » pensa-t-il, et il regarda sa fille avec colère : « Elle n’a pas honte, et lui ne daigne pas faire attention à elle ? »

Il s’approcha du prince Vassili.