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nistre et de son fils, mais même l’extérieur des deux hôtes, en détails. La princesse Marie, assise seule dans sa chambre, s’efforçait en vain de dominer son émotion intérieure.

— « Pourquoi ont-ils écrit cela ; pourquoi Lise m’en a-t-elle parlé ? Cela ne peut être ! se disait-elle en se regardant dans le miroir. Comment paraîtrai-je au salon ? Si même il me plaisait, je ne pourrais maintenant être naturelle avec lui. » La pensée seule du regard de son père la remplissait d’effroi.

La petite princesse et mademoiselle Bourienne avaient déjà reçu de la femme de chambre Macha tous les renseignements nécessaires : que le fils du ministre était beau et frais avec des sourcils noirs ; que le père traînait à peine ses pieds dans l’escalier, et que lui, vif comme un aigle, enjambait trois marches et courait après son père.

Ayant reçu ces renseignements, la petite princesse et mademoiselle Bourienne, qu’on entendait jaser du corridor, entrèrent dans la chambre de la princesse.

Ils sont arrivés, Marie, vous savez ? — dit la petite princesse en balançant son ventre et tombant lourdement sur une chaise. Elle n’avait plus cette blouse qu’elle portait le matin ; elle avait pris l’une de ses plus jolies robes. Ses cheveux étaient soigneusement coiffés et sur son visage était répandue l’animation qui toutefois n’en cachait pas les traits