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sur le sol, prononça quelque chose, d’une voix rauque, et se mit à le répéter. Rostov tendit l’oreille et comprit le mot qu’il répétait. C’était : boire, boire.

Rostov regarda tout autour de lui en cherchant comment replacer le malade et lui donner de l’eau.

— Qui garde ici les malades ? demanda-t-il à l’infirmier. À ce moment, un soldat de la manutention, qui était de service à l’hôpital, sortit de la chambre voisine, et à pas cadencés s’avança vers Rostov.

— Salut à Votre Haute Noblesse ! cria ce soldat en fixant les yeux sur Rostov qu’il prenait évidemment pour le chef de l’hôpital.

— Arrange-le et donne-lui de l’eau, dit Rostov en montrant le Cosaque.

— J’obéis, Votre Haute Noblesse — prononça gravement le soldat en roulant des yeux, se dressant encore davantage, mais sans bouger de place.

— Non, ici, on ne fera rien, — pensa Rostov en baissant les yeux. Il allait sortir, quand, de droite, il sentit un regard très grave fixé sur lui. Il se tourna. Presque dans le coin, un vieux soldat assis sur un manteau, avec un visage jaune, cadavérique, sévère, la barbe grise non rasée, regardait obstinément Rostov. À côté, le voisin du vieux soldat lui chuchotait quelque chose en désignant Rostov.

Rostov comprit que le vieux désirait lui parler. Il s’approcha et vit que le vieux n’avait qu’une