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pierre, aux fenêtres et aux vitres presque toutes brisées, et l’enclos de la cour était détruit.

Quelques soldats bandés, pâles, enflés, marchaient ou étaient assis dans la cour au soleil.

Dès que Rostov arriva au seuil de la maison, il fut saisi par l’odeur de pourriture et d’hôpital. Sur l’escalier il rencontra un médecin militaire russe, le cigare aux lèvres. Un infirmier russe suivait le docteur.

— Je ne peux pas me mettre en quatre, disait le docteur. Viens ce soir chez Makhar Alexéiévitch, j’y serai.

L’infirmier lui demanda encore quelque chose.

— Ah ! fais comme tu l’entendras ! N’est-ce pas indifférent ?

Le docteur aperçut Rostov qui gravissait l’escalier.

— Qui vous amène ici, Votre Noblesse ? demanda le docteur. Vous venez ici pourquoi ? Si la balle ne vous a pas attrapé, voulez-vous que ce soit le typhus ? Ici, mon petit père, c’est la maison de la lèpre.

— Pourquoi ? fit Rostov.

— Le typhus, mon petit père. Qui entre ici est mort. Nous deux, seulement, moi et Makéiev (il désigne l’infirmier), passons ici. Cinq de mes collègues docteurs y sont déjà morts. Dès qu’un nouveau arrive, en une semaine il est fichu, prononça le docteur avec un plaisir évident. On a