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cette partie de l’armée qui avait fait la campagne de 1805, ayant complété ses cadres en Russie était en retard pour les premiers engagements de la campagne. Il n’avait été ni sous Pultousk, ni sous Pressisch-Eylau, et durant la seconde moitié de la campagne, rejoignant l’armée active, il était réuni au détachement de Platov.

Ce détachement agissait indépendamment de l’armée. Plusieurs fois le régiment de Pavlograd s’était trouvé en escarmouche avec l’ennemi, avait fait des prisonniers et une fois même s’était emparé des équipages du maréchal Oudinot. Au mois d’avril, le régiment de Pavlograd passait plusieurs semaines, sans se mouvoir, dans un village allemand déserté et complètement dévalisé.

C’était le dégel ; il y avait de la boue, il faisait froid, la glace des rivières était brisée, les routes devenaient impraticables.

Depuis quelques jours, bêtes et gens étaient sans vivres. Comme l’approvisionnement était devenu impossible, les hommes se dispersaient dans les villages vides, abandonnés, pour chercher des pommes de terre, et même en trouvaient peu.

Tout avait été mangé, tous les habitants s’étaient enfuis. Ceux qui restaient étaient pires que des mendiants, et chez eux il n’y avait rien à prendre, et même les soldats peu enclins à la pitié, au lieu de leur prendre quelque chose leur donnaient ce qu’ils avaient.