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neuves. Sous l’auvent se trouvaient des pompes d’incendie et un tonneau peint en vert. Les routes étaient droites ; les ponts solides, à parapets. Tout portait le cachet de l’ordre et de la bonne exploitation. À la question : où demeure le prince ? les domestiques montrèrent le petit pavillon tout neuf bâti près de l’étang. Le vieux diatka[1] du prince André, Antone, aida Pierre à sortir de sa voiture, l’informa que le prince était à la maison et le conduisit dans l’antichambre petite et propre.

Pierre fut frappé de la modestie de la petite maison, bien que très propre, après ce milieu brillant dans lequel il avait vu, pour la dernière fois, son ami à Pétersbourg. Il entra rapidement dans le petit salon pas encore crépi et rempli de l’odeur de sapin, il voulut aller plus loin, mais Antone, sur la pointe des pieds, courut en avant et frappa à la porte.

— Eh bien, qu’y a-t-il ? prononça une voix raide et désagréable.

— Un visiteur, répondit Antone.

— Fais attendre, — et l’on entendit le bruit d’une chaise repoussée. Pierre, à pas rapides, s’approcha de la porte et se trouva face à face avec le prince André, vieilli, qui sortait les sourcils froncés. Pierre l’enlaçait et, relevant ses lunettes, l’embrassait sur les joues et le regardait de très près.

  1. Serviteur des enfants.