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illettrés) écoutaient effrayés, croyant saisir par ce discours que le jeune comte n’était pas content de leur gérance et de leurs déprédations.

Les autres, dès qu’ils furent débarrassés de la première impression de peur, trouvèrent amusant le balbutiement de Pierre et les paroles qu’ils n’avaient jamais entendues. Les troisièmes avaient tout simplement du plaisir à écouter parler leur maître. Les quatrièmes, les plus intelligents, de ce nombre l’intendant en chef, déduisirent de ce discours comment il fallait se conduire avec le maître pour atteindre leur but.

L’intendant en chef exprima une grande sympathie pour les idées de Pierre, mais il fit remarquer qu’outre ces réformes, il était nécessaire, en général, de s’occuper des affaires qui se trouvaient en fort mauvais état.

Malgré l’immense fortune du comte Bezoukhov, depuis que Pierre recevait, — disait-on, — cinq cent mille roubles de rente, il se sentait beaucoup moins riche que du temps du feu comte qui lui donnait dix mille roubles par an. Dans ses grandes lignes, son budget était à peu près le suivant : Au conseil de tutelle, il payait environ quatre-vingt mille roubles pour tout le domaine ; l’entretien de la villa près de Moscou, de la maison de Moscou et des princesses coûtait près de trente mille roubles ; pour les pensions, environ quinze mille, à peu près autant pour les œuvres de bien-