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fait que cette vie de là-bas, étrangère à lui, pouvait l’émotionner.

Il ferma les yeux, se frotta le front avec la main, comme pour chasser toute préoccupation relative à ce qu’il lisait, et il tendit l’oreille à ce qui se passait dans la chambre d’enfant. Tout à coup, il lui sembla entendre, à travers la porte, un bruit étrange. La peur le prit, il craignait qu’il ne fût arrivé quelque chose à l’enfant pendant qu’il lisait la lettre. Sur la pointe des pieds il s’approcha de la porte de la chambre d’enfant et l’ouvrit.

Au moment où il entrait il vit que la bonne avec un air effrayé, cachait quelque chose de lui, et que la princesse Marie n’était plus auprès du lit.

— Mon ami, — perçut-il dans un murmure de la princesse Marie qui lui sembla désespéré. Comme il arrive souvent après une longue nuit d’insomnie et les fortes émotions, une peur sans cause l’envahissait. Il lui venait en tête que l’enfant était mort. Tout ce qu’il voyait et entendait lui semblait confirmer sa peur. « Tout est fini », pensa-t-il, et une sueur froide mouilla son front.

Étourdi, il s’approcha du lit, croyant le trouver vide, et que la bonne avait caché l’enfant mort. Il ouvrit le rideau et, pendant longtemps, ses yeux effrayés et distraits ne pouvaient trouver l’enfant. Enfin il l’aperçut. Le bébé rouge, les bras écartés, était couché en travers du lit, la tête au-dessous