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à Pétersbourg, qui porte les nouvelles d’une victoire, et le général ne cède pas le commandement en chef à Boukshevden, espérant recevoir de Pétersbourg, en reconnaissance de sa victoire, le titre de général en chef. Pendant cet interrègne, nous commençons un plan de manœuvres excessivement intéressant et original. Notre but ne consiste pas, comme il devait l’être, à éviter ou à attaquer l’ennemi, mais, uniquement, à éviter le général Boukshevden qui, par droit d’ancienneté, serait notre chef. Nous poursuivons ce but avec tant d’énergie, que même en passant par une rivière qui n’est pas guéable, nous brûlons les ponts pour nous séparer de notre ennemi qui, pour le moment, n’est pas Bonaparte, mais Boukshevden. Le général Boukshevden a manqué être attaqué et pris par des forces ennemies supérieures, à cause d’une de nos belles manœuvres qui nous sauvait de lui. Boukshevden nous poursuit, nous filons. À peine passe-t-il de notre côté de la rivière, que nous repassons de l’autre. À la fin, notre ennemi Boukshevden nous attrape et s’attaque à nous. Les deux généraux se fâchent. Il y a même une provocation en duel de la part de Boukshevden et une attaque d’épilepsie de la part de Benigsen. Mais au moment critique le courrier, qui porte la nouvelle de notre victoire de Poultoüsk, nous apporte de Pétersbourg notre nomination de général en chef, et le premier ennemi,