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goût de la guerre, et bien m’en a pris. Ce que j’ai vu ces trois mois est incroyable.

« Je commence ab ovo. L’ennemi du genre humain, comme vous savez, s’attaque aux Prussiens. Les Prussiens sont nos fidèles alliés qui ne nous ont trompés que trois fois depuis trois ans. Nous prenons fait et cause pour eux, mais il se trouve que l’ennemi du genre humain ne fait nulle attention à nos beaux discours et avec sa manière impolie et sauvage se jette sur les Prussiens sans leur donner le temps de finir la parade commencée, en deux tours de main les rosse à plate couture et va s’installer au palais de Potsdam.

« J’ai le plus vif désir, écrit le roi de Prusse à Bonaparte, que V. M. soit accueillie et traitée dans mon palais d’une manière qui lui soit agréable et c’est avec empressement que j’ai pris à cet effet toutes les mesures que les circonstances me permettaient. Puissé-je avoir réussi ! Les généraux prussiens se piquent de politesse envers les Français et mettent bas les armes aux premières sommations.

« Le chef de la garnison de Glogau, avec dix mille hommes, demande au roi de Prusse ce qu’il doit faire s’il est sommé de se rendre ?… Tout cela est positif.

« Bref, espérant en imposer seulement par notre attitude militaire, il se trouve que nous