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au ciel. Cet ange avait la lèvre supérieure un peu soulevée, comme s’il allait sourire, et un jour, le prince André et la princesse Marie, en sortant de la chapelle, s’avouèrent que c’était étrange, mais que le visage de cet ange leur rappelait celui de la défunte. Mais ce qui était encore plus étrange, et que le prince André ne dit pas à sa sœur, c’est que dans l’expression que l’artiste avait donnée par hasard au visage de l’ange, le prince André lisait les mêmes paroles de doux reproche lues sur le visage de sa femme morte : « Ah ! pourquoi m’avez-vous fait cela ? »

Peu après le retour du prince André, le vieux prince donna en propriété à son fils Bogoutcharovo, grand domaine sis à quarante verstes de Lissia-Gorï. Soit à cause des souvenirs pénibles liés à Lissia-Gorï, soit parce que le prince André ne se sentait pas toujours capable de supporter le caractère de son père, et aussi parce qu’il avait besoin de solitude, profitant de Bogoutcharovo, il s’y fit bâtir une maison où il passait presque tout son temps.

Après la campagne d’Austerlitz, le prince André s’était fermement résolu à ne plus prendre de service militaire, et quand la guerre recommença et que tous durent partir, il n’entra pas au service actif et accepta les fonctions, sous le commandement de son père, pour le recrutement des milices.

Après la campagne de 1805, le vieux prince