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de l’armée de Prusse comme courrier et qui était aide de camp d’un personnage très important.

Ce soir-là, le thermomètre politique désignait à la société les indications suivantes : Les empereurs européens et les capitaines auront beau s’incliner devant Bonaparte pour faire à moi et en général à nous des désagréments et des ennuis, notre opinion sur Bonaparte ne peut pas changer. Nous ne cesserons pas d’exprimer notre franche opinion, et nous pouvons dire seulement au roi de Prusse et aux autres : tant pis pour vous. Tu l’as voulu, Georges Dandin, — voilà tout ce que nous pouvons dire.

C’est ce qu’indiquait le thermomètre politique à la soirée d’Anna Pavlovna.

Quand Boris, qui devait être servi aux hôtes, entra au salon, presque toute la société était déjà réunie et le sujet de la conversation, guidée par Anna Pavlovna, était nos relations diplomatiques avec l’Autriche, et l’espoir de notre alliance avec elle.

Boris, en l’élégant uniforme d’aide de camp, plus viril, frais, rouge, entra avec aisance au salon. Suivant l’usage, il fut amené près de la tante pour la saluer, puis fut joint au cercle général. Anna Pavlovna lui donna à baiser sa main sèche, lui présenta quelques personnes qu’il ne connaissait pas et qualifiait chacun en chuchotant :

Le prince Hippolyte Kouraguine, charmant