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VI

L’affaire de Pierre et de Dolokhov fut étouffée, et malgré la sévérité que montrait alors l’empereur pour les duels, ni les deux adversaires, ni leurs témoins ne furent inquiétés. Mais l’histoire du duel, confirmée par la rupture de Pierre avec sa femme, se répandit dans la société. Pierre, qu’on regardait avec une indulgence protectrice quand il n’était que fils naturel, Pierre qu’on caressait et choyait quand il était le plus beau parti de l’empire russe, avait beaucoup baissé dans l’opinion de la société, quand, après son mariage, les jeunes filles et les mères n’avaient plus à compter sur lui, d’autant plus qu’il dédaignait la bienveillance de l’opinion publique. Maintenant on le faisait seul coupable de ce qui s’était passé, on le traitait de jaloux, d’insensé, sujet à des accès de rage comme son père, et quand Hélène, après le départ de Pierre, retourna à Pétersbourg, elle fut