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— « Lutter contre le mal qui domine dans le monde… » répéta Pierre, et toute son activité future se présentait dans cette sphère. Il se représentait ces hommes, semblables à ce qu’il était lui-même deux semaines avant, et mentalement, il leur adressait un discours. Il se représentait des hommes vicieux et malheureux qu’il aidait par la parole et les actes, des victimes qu’il sauvait de leurs oppresseurs. Des trois buts mentionnés par le rhéteur, le dernier — l’amélioration du genre humain — plaisait particulièrement à Pierre.

Ce certain mystère important, bien qu’il piquât sa curiosité, ne lui semblait pas essentiel, et le deuxième but, la purification et l’amélioration de soi-même l’occupait très peu, car en ce moment, il se sentait, avec plaisir, entièrement corrigé de ses vices anciens et prêt seulement au bien.

Une demi-heure après le rhéteur revenait pour remettre au récipiendaire ses sept vertus, correspondant aux sept degrés du temple de Salomon que chaque maçon devait élever en soi. Ces vertus étaient : 1o la modestie, la conservation du secret de l’ordre ; 2o l’obéissance aux supérieurs de l’ordre ; 3o les bonnes mœurs ; 4o l’amour de l’humanité ; 5o le courage ; 6o la générosité ; 7o l’amour de la mort.

— Tâchez, dit le rhéteur, par des réflexions fréquentes sur la mort, d’arriver à ce qu’elle ne vous semble plus l’ennemie terrible mais